160 mètres et 35 ans, 2025
Photographie, tirage jet d’encre sur papier Ultra Smooth Hahnemülhe,
contre-collage sur Dibond.
C’était l’été, au-dessus de Chamonix, le soleil frappait sur les vitres du petit train rouge qui suit la montagne, et la chaleur augmentait dans la cabine du téléphérique. Dehors, la luminosité éblouissait mes yeux à mesure que je descendais de raides marches métalliques. Claquant derrière la masse de touristes qui s’engouffrait dans le coeur de la Mer de Glace, j’entendais mes petits pas avancer vers la grotte.
C’était une grotte dans laquelle j’allais à reculons, suivant l’avancée saccadée du monde et des gens, conscient de faire partie d’un problème plus grand, plus fort, un problème global. J’ai déambulé frénétiquement dans les tunnels froids, les dédales de glaces, de reflets et de lumière, captivé.
A l’extérieur, des bâches blanches et maigres sont étendues sur le glacier, pour ralentir l’inéluctable, pour préserver encore le prix des tickets d’entrée et ne pas rompre l'affluence.
Paysage dystopique et beauté subtile en même temps, la grotte de la Mer de Glace est un tombeau en train de se faire. Ces images témoignent des joyaux millénaires qui disparaissent sous nos yeux.