Dans l’angle mort, 2024
Photographie, impression sur papier transparent, rétroviseur récupéré.
Je marchais à l’heure où perçaient les premiers rayons du soleil, ma bouche crachant de la vapeur d’eau au rythme de ma respiration. Dans cette rue raide, les riverains déposent tout au long du trottoir qui longe le petit parc, des déchets, du mobilier, des gravas, des objets, des encombrants. Ce jour-là, au milieu d’un matelas, de vêtements éventrés, d’une commode désossée et de cabas de supermarché remplis de livres d’enfants, des rétroviseurs jonchaient le sol, renvoyant chacun une image différente de leur reflet présumé.
Ni la rue ni les rebus, ni mon ombre essouflée n’apparaissaient dans les miroirs. Des images d’ailleurs y restaient figées. Penché et accroupi, j’ai récupéré ces rétroviseurs étranges. lls charriaient avec eux leur souvenir, fixé pour toujours au gré des déplacements.